Corporate 21 nov. 2011

Ketch Kelly

Ketch Kelly récompensé par le tout premier et le seul « RCF USA Special Recognition Award » pour l'année 2011.
Utilisateur RCF de longue date, Eric « Ketch » Kelly du Ferguson Center for the Art de la Christopher Newport University est le gagnant du prix « RCF USA Special Recognition Award » pour 2011.
« Ketch Kelly a beaucoup travaillé pour promouvoir la marque RCF aux États-Unis, et tout particulièrement la gamme TT+. Grâce à sa grande expérience et à sa curiosité insatiable, il nous fournit toujours des commentaires très précieux sur nos produits en situation. Il a beaucoup contribué à enrichir la liste des références de RCF et est une autorité reconnue pour ce qui concerne le choix d'un système en fonction d'un lieu. Nous apprécions réellement son travail et nous souhaitons remercier Ketch pour ses efforts en lui remettant le « RCF USA Special Recognition Award » pour 2011 » explique John Krupa, directeur commercial de RCF USA.
RCF a discuté avec Ketch Kelly de ses débuts dans le monde de l'audio et l'a encouragé à dévoiler certaines anecdotes.
Comment as-tu commencé dans le monde de l'audio pro et du son ?
Si ce n'est pas en faisant exploser des chaînes hi-fi alors que j'étais adolescent, c'est certainement quand j'ai été appelé à servir sur un porte-avions puis sur un sous-marin nucléaire. Leurs énormes systèmes de diffusion me fascinaient. À la fin de mon service militaire, un ami a commencé à tourner comme musicien avec Bob Marley et Peter Tosh. J'ai donc fait mes premiers pas comme roadie en observant attentivement les différents systèmes que nous utilisions et en étudiant comment ils fonctionnaient. Étant habitué aux systèmes des sous-marins nucléaires, j'aimais les systèmes bien pensés dont on voyait immédiatement qu'aucun détail n'avait été négligé.
Quelles sont tes expériences principales dans le monde de l'audio ?
J'ai travaillé au Ritz de New York comme ingénieur du son de façade. J'ai tourné avec de nombreux groupes dans les années 70 et 80 (Bob Marley, Peter Tosh, Jimmy Cliff) en changeant souvent de fonction. J'ai aussi travaillé pour un cabinet de conception d'hôtels et j'ai réalisé les systèmes de sonorisation de nombreux lieux qui diffusent de la musique enregistrée ou live un peu partout aux États-Unis. Ici, à la CNU, je suis l'ingénieur du son résident et j'ai conçu plusieurs des systèmes audiovisuels installés dans tout le campus : le Ferguson Center, le Music & Theater Hall, le Studio Theater, le Gaines Theater et le Crows Nest (foyer d'étudiants).
Quand as-tu découvert les produits RCF et comment s'est passée ta première prise de contact avec eux ?
Les transducteurs RCF étaient montés dans de nombreuses enceintes et la réputation de leurs performances n'était plus à faire quelles que soient les conditions d'utilisation.
Y a-t-il quelque chose que tu aimes particulièrement dans les produits RCF et quelle est ton expérience personnelle ?
Je dis souvent que nous sommes des ingénieurs du son, donc que nous devons savoir ce qui sonne, et cela d'autant plus que, de nos jours, n'importe qui peut trouver des rapports de mesure de ses équipements. Savoir comment ça sonne ! J'ai un casque audio qui est vraiment très précis mais qui ne donne rien à l'écoute. C'est un casque de référence ! La première fois que nous avons suspendu un TT31, c'était pour un spectacle en après-midi. Donc, on avait fait comme ça venait. L'ingénieur de la tournée m'a regardé et m'a dit « Achète-les ». J'ai réuni les ingénieurs du son présents pour qu'ils écoutent et tous ont été emballés. Et quand nous avons envoyé la musique. Nous avons tous compris car nous avions l'habitude de tester des systèmes. C'est la profondeur sonore qui m'a d'abord frappé, puis le détail dans le rendu de chaque instrument m'a renversé ! Ici, nous avons une salle de concert qui accueille des centaines de spectacles et où tous les meilleurs modèles d'enceintes sont déjà passés. Je ne parle pas d'équipements que je n'aime pas parce que, pour être franc, je trouve quasiment toutes les enceintes actuelles remarquables. C'est pour ça que les sensations restent finalement ce qui compte le plus ! Et la gamme RCF TT me fait sourire jusqu'aux oreilles à chaque fois que je l'entends !
Sur la base de ta longue expérience, quelles sont les règles d'or qui dictent le choix d'un système de diffusion ?
Il y a les nouveautés et les classiques ! N'utilisez pas un produit parce que c'est la solution à la mode et veillez à répartir votre budget de façon intelligente. Ceci étant dit, restez attentifs aux nouveautés en les considérant sans préjugé et en vous concentrant sur les aspects pratiques. Est-ce que le fabriquant et ses produits seront toujours bien distribués à l'avenir ? Veillez à ce que le budget et le niveau de compétence de l'utilisateur habituel soient en corrélation. Et faites sonner le système.
Tu as conçu de nombreux systèmes pour des églises. Quelle est la difficulté principale quand on choisit les composants et les technologies de ce genre d'installation ?
D'abord, j'ai installé des orgues quand j'avais 17 ans. Cela m'a permis d'apprécier l'environnement acoustique créé par différents espaces. Ici, sur le campus, je travaille à un projet de chapelle. Ce type d'installation génère une demande spécifique nouvelle commune à celle des théâtres. Ce type d'environnement ne doit pas laisser paraître l'installation technique mais est utilisé pour tous les types de manifestations, des spectacles acoustiques à la musique électrique en passant par les discours. Actuellement, la meilleure solution semble être l'utilisation de sources sonores dirigeables.
Quand tu réalises une installation, comment fais-tu pour avoir la certitude que le système mis en place pourra atteindre ou dépasser les performances idéales pour le lieu ?
D'abord je pense à la réserve de puissance si le budget le permet, puis je me concentre sur les spectacles que le lieu accueillera. J'essaie aussi d'anticiper d'autres utilisations éventuelles. Ensuite, c'est au tour de la science d'en dire plus sur l'espace en question. Le dernier facteur s'apparente à de l'intuition : je pense qu'en étant réellement à l'écoute, l'expérience permet souvent de savoir ce qui va donner de bons résultats.
Les produits de la gamme RCF TT+ utilisent de nombreux DSP embarqués. Quelle est ton expérience avec les DSP dans les gros systèmes ? Trouves-tu qu'ils aident efficacement à créer des conditions d'écoute parfaites ?
Globalement, j'aime les DSP mais je trouve que certains paramètres ne devraient pas être modifiés, notamment les points de coupure des filtres. J'aime avoir la possibilité de contrôler les niveaux, de surveiller l'activité des amplificateurs, de vérifier la consommation d'énergie, etc. Parfois, j'aime aussi contrôler certaines choses à distance.
Selon toi, quelle est la principale différence entre les systèmes audio actuels et ceux que tu utilisais il y a cinq ans ?
La qualité des pavillons permet une diffusion plus linéaire et plus contrôlée, tout comme les étages d'amplification des enceintes actives. Je pense que le TT45 illustre parfaitement toutes ces propriétés : tu le poses sur scène et tu en prends plein la tête ! Il possède une image sonore incroyablement claire et contrôlée. Pourtant, le son reste magnifique. Autant de qualités que je n'attribuerais pas à la plupart des retours de scène qui se contentent d'être bruyants. Je me souviens qu'à la fin des années 70, l'un des membres du groupe voulait plus de grosse caisse dans son retour alors que tout était déjà à fond ! Le moniteur bondissait littéralement à chaque coup de grosse caisse et j'ai dû expliquer au musicien que chaque fois que son retour sursautait, c'était la grosse caisse. Cela n'arrive plus avec les enceintes qu'on utilise de nos jours.
Étant donné que les technologies sont en évolution constante, quelle est d'après toi la prochaine étape importante dans le développement des enceintes acoustiques ? Et quelles fonctionnalités pourraient faciliter le travail des techniciens et des ingénieurs du son ?
Un meilleur contrôle numérique à distance de l'orientation des sources sonores afin de mieux gérer la répartition de la puissance. Des pièces et des accessoires de montage améliorés afin de réduire les risques d'accident lors de l'installation. Et peut-être un laser indiquant toute la zone de couverture au lieu d'un point.
Lorsque tu travailles avec des groupes, as-tu l'impression qu'ils s'investissent beaucoup dans la qualité du son de scène ? Et tentent-ils d'approcher le son de leurs enregistrements ?
En tant qu'ingénieur résident, je trouve qu'ils attachent souvent beaucoup d'attention au son de scène et se désintéressent un peu du son de façade. Ils partent du principe que le public bénéficiera d'un bon son. Parfois, je dois même les retenir sur scène pour avoir le temps de travailler le son de la façade.
De nos jours, il existe de nombreuses sources d'information en ligne pour suivre l'évolution du matériel, des installations, des technologies, etc. Quelles ressources en ligne utilises-tu pour entretenir tes connaissances ? Et est-ce que tu partages ton expérience personnelle avec celle d'autres ingénieurs du son ?
J'utilise des sites consacrés la sonorisation et à l'audio pro. Ils sont ouverts, vivants et très complets pour ce qui concerne le matériel et les connaissances pratiques.
Aujourd'hui, beaucoup parlent de la difficulté de contrôler le volume sonore des manifestations publiques afin que le niveau crête ou moyen ne dépasse pas le maximum fixé par les autorités locales. As-tu déjà de l'expérience dans ce domaine et que penses-tu de l'encadrement juridique de ton travail ?
Je pense que les systèmes de sonorisation modernes nous permettent d'être moins fort que les anciens systèmes parce que nous pouvons maintenant répartir la puissance très précisément grâce à toute une variété de combinaisons, de DSP et d'enceintes. Il y a un amphithéâtre où on vous avertit quand vous êtes trop fort, puis on vous arrête si vous passez outre l'avertissement. J'ai rencontré des ingénieurs du son qui s'engagent par contrat à respecter un niveau SPL donné comme excuse à leur utilisation abusive de la console qu'ils poussent toujours plus loin tandis que le traitement tente de contrôler le niveau de sortie. Je me suis retrouvé dans les deux situations mais je m'en suis remis au bon sens : si vous faites fuir les gens parce que vous êtes trop fort, c'est que vous avez un problème d'ego. Faites en sorte que le son soit bon, plein et puissant.
Tous les ingénieurs du son ont leurs morceaux tests favoris, par exemple I.G.Y de Donald Fagen. Quels sont les morceaux sur ton CD de test ?
One Voice – the Wailin' Jennys The Hounds of Winter – Sting Seven Bridges Road (live) – Eagles Lisztomania – Phoenix In the Darkest Place – Burt Bacharach & Elvis Costello Maria Rita – 1er album Jamie Cullum Jeff Beck Live at Ronnie Scotts
Ce ne sont que quelques morceaux. Il y en a d'autres, notamment de Donald Fagen / Steely Dan, etc.
La série RCF TT+ a été conçue en collaboration avec de nombreux ingénieurs du son. Lorsque tu travailles avec des équipements de la gamme TT+, est-ce que certains aspects des produits facilitent ton travail par rapport aux autres systèmes ?
Oui, les commutateurs et les connecteurs encastrés sont vraiment bien pensés. Le système de suspension est très bon. J'aimerais juste une façon de maintenir plus facilement les languettes du système de fixation. Les poignées tombent littéralement sous la main et le rapport puissance/poids est incroyable.
Selon toi, qu'est-ce qu'un fabricant d'enceintes doit cultiver et sur quoi ne doit-il jamais faire de compromis ?
La musicalité ! On pourrait fabriquer des systèmes très précis mais nous avons besoin d'âme et de sincérité. Il y a une chose qu'il ne faut pas oublier : nous sommes des techniciens, mais nous sommes également des artistes à part entière. Je ne suis pas d'accord avec certains ingénieurs du son qui réduisent notre rôle à la reproduction exacte de ce qui se passe sur scène. Bien sûr, l'ingénieur du son doit rester fidèle à ce qui se passe sur scène. Mais il doit aussi apporter une part de sa personnalité à chaque spectacle, sans quoi un simple ordinateur suffirait à équilibrer les niveaux.
Sur quels projets travailles-tu actuellement ?
Je travaille à la chapelle de la CNU et je refais le système de la salle de concert du Ferguson Center.
Nous venons tout juste de terminer le quatrième théâtre du campus (équipé de TT25 et de TT45). L'école a dépensé 700 millions de dollars en nouvelles infrastructures au cours des 12 dernières années et planifie actuellement un nouvel investissement de 500 millions de dollars pour les années à venir. L'école est publique et rassemble environ 5.000 étudiants.
Quel groupe de rêve aimerais-tu mixer et pourquoi ?
J'ai travaillé avec des groupes fantastiques et c'était à chaque fois une nouvelle aventure. Bob Marley et Peter Tosh faisaient définitivement partie du rêve. Ici, le fait d'être ingénieur résident m'a permis de travailler avec de très nombreux artistes et ingénieurs du son. Ceci dit, je crois que tous les ingénieurs du son pensent que leur mix est le meilleur !
Quelle est ta toute meilleure expérience de concert en tant que spectateur ?
Je travaille pendant la plupart des concerts que je vois donc c'était il y a très longtemps, à l'époque de Woodstock / Watkins Glenn.